Lorenzaccio

Julie Namont est actuellement étudiante en master littérature française et comparée à l'université de Nantes. Elle pratique le dessin en autodidacte et travaille à l’encre de Chine.

Récemment elle a participé à l'ouvrage collectif Le Bulletin des Belles Lettres n°5 – Cuisines cultes. Elle y a adapté en bande dessinée une partie du Festin des esclaves écrit par Marine Renauld.

Lorenzaccio est sa pièce de théâtre préférée et l'idée de l'adapter en bande dessinée est née à l'occasion d'un travail de fin d'étude. De quelques scènes dessinées au départ, elle s'est lancée dans le travail colossal d'illustrer les 5 actes de la pièce dans leur texte intégral.

Écoutons-la nous expliquer ses choix graphiques et ce qui l'a menée à réaliser cette bande dessinée :

« Par ce roman graphique je souhaite rendre le texte plus accessible aux lecteurs rétifs. J’ai commencé à illustrer Lorenzaccio de Musset car c’est ma pièce de théâtre préférée.
Mes proches ne s’y intéressent pas, la trouvant trop longue ou trop difficile à comprendre. J’espère que mes dessins permettront aux amateurs de redécouvrir la pièce sous un autre angle.

J’ai décidé de représenter des oiseaux car je n’arrivais pas à donner un visage humain aux personnages. Plus que des “êtres de papier”, ce sont au départ de véritables personnalités historiques à l’identité propre. Comment représenter ces personnes qui ont été, comme nous, humaines, avant de devenir des sujets littéraires ?

Je préfère mettre une distance entre les évènements réels et le texte grâce à des figures zoomorphes. Afin de mettre l’accent sur le rôle du duc comme d’un “roi de basse-cour”, j’ai décidé de le transformer en coq. Lorenzo devient un corbeau, annonciateur de mauvais présages, tandis que Philippe Strozzi, l’idéaliste républicain, devient ironiquement un hibou grand-duc.

La dimension historique de la pièce m’a également obligée à faire certains choix :
Comment, en effet, représenter des évènements qui prennent place en 1537, qui sont mis en scène par Musset en 1834 et qui seront lus par des lecteurs de 2025 ? Je dois choisir ce que je représente car nous n’avons pas la même perception selon l’époque.

Je dessine pour le lecteur de 2025 dont la vision du monde est affectée par les symboles et les usages en vigueur au XXIe siècle. »